La Tour de la Paix
 2003 | Saint-Pétersbourg

 de l'artiste Clara HALTER et de l'architecte
 Jean-Michel WILMOTTE

 Infos techniques

 

La Tour de la Paix par Clara HALTER :

De l'alphabet cunéiforme aux alphabets d'aujourd'hui, existe-t-il une expression humaine plus universelle que l'écriture ; ces signes énigmatiques, gravés ou dessinés dans l'argile ou sur le papier, qui s'alignent et qui sont porteurs de sens ?

C'est dans cet art ancien, à la fois si relationnel et si intime, que j'ai choisi de m'exprimer.

C'est ainsi que j'ai conçu, grâce à la complicité de mon ami, l'architecte Jean-Michel Wilmotte, le monument Mur pour la Paix à Paris. Des murs de verre recouverts d'une seul mot en 32 langues et à travers 14 alphabets : PAIX. " Paix " à l'infini, comme pour conjurer toutes les violences, toutes les guerres.

Mais à l'heure où la planète est à feu et à sang, édifier des monuments pour la Paix peut paraître dérisoire, sinon chimérique.

Et pourtant, même si nous avions la certitude que ce combat n'aboutira pas de notre vivant, nous ne pourrions pas vivre sans le mener.

Quelle qu'en soit l'incertitude, il est à reprendre de nouveau à chaque génération.

Et c'est précisément parce qu'il semble qu'on n'en verra jamais la fin, qu'il faut le recommencer et le poursuivre indéfiniment.

Parce qu'il est vital. Parce que l'art en sort grandi.

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La Tour de la Paix par Jean-Michel WILMOTTE :

Le projet d’ériger une Tour de la Paix sur la place Sienneia, dans le cadre du Tricentennaire de Saint-Pétersboug, s’inscrit dans la continuité du travail que nous avions mené en 2000, avec Clara Halter, lorsque nous avions réalisé le Mur pour la Paix sur le Champ de Mars à Paris.

Comme il y a trois ans, il s’agissait de trouver une mise en espace originale pour l’écriture de Clara, qui joue de l’infiniment petit à l’infiniment grand en défiant nos conforts de lisibilité. Mais cette fois-ci, la volumétrie particulière de la place Siennaia a déterminé une forme bâtie différente. Non plus un mur avec des lignes horizontales dominantes dans un large espace ouvert sur le Champ de Mars, mais plutôt un repère vertical, une forme effilée à même de s’inscrire au milieu des bâtiments qui entourent la place. D’où l’idée de cette tour en inox de 18 mètres, dont la hauteur ne devait toutefois pas dépasser celle des immeubles attenants.

De même, le dessin au sol du socle de la tour, en forme de grande goutte d’eau, a été largement déterminé par le plan de circulation automobile de la place. La Tour, en somme, a été conçue de façon à s’intégrer harmonieusement dans un tissu architectural et urbain déjà existant et de grande qualité. C’est également cette préoccupation qui m’a guidé, récemment, lorsque nous avons étudié un nouveau projet d’éclairage des canaux de Saint-Pétersbourg.

L’élément nouveau par rapport à Paris, c’était aussi la capacité d’enrichissement et de renouvellement de la construction. Au pied de la Tour, le socle a été prévu pour accueillir les signatures des personnalités politiques, mais aussi économiques, intellectuelles ou artistiques, qui vont visiter la Tour de la Paix et qui adhéreront à sa symbolique. Ainsi la Tour ne prendra tout son sens que dans le temps, progressivement, au fur et à mesure que des visiteurs influents viendront y apposer leur nom afin de s’engager pour la cause de la Paix.